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Les résines d'encens, ingrédients sacrés

Les résines d'encens, ingrédients sacrés

AU SOMMAIRE...

 

1.  La résine d'Oliban (franckincense)
2. La résine de Benjoin (Benzoin)
3. La résine de Copal
4. La résine de Myrrhe
5. La résine de Storax (Styrax)


Les résines d’encens telles que l’oliban, le benjoin, le copal, la myrrhe et le storax sont employées depuis des millénaires dans les pratiques religieuses et ésotériques. Chacune possède des propriétés magiques qui varient selon les traditions. Présentation.

1. La résine d'Oliban (franckincense)

1.1. Origine botanique

L’oliban, appelé couramment « encens » tout court, est une gomme-résine aromatique tirée de l’arbre Boswellia. Principalement, on utilise le Boswellia sacra (synonyme B. carterii), petit arbre originaire du Dhofar (sud d’Oman). On le trouve également en Somalie, au Yémen et au nord de l’Inde (où croît Boswellia serrata). Les Boswellia font partie de la famille des Burséracées. Par incision de l’écorce, l’arbre exsude des « larmes » de résine blanchâtre qui durcissent à l’air libre et sont récoltées après quelques semaines. L’oliban est connu depuis l’Antiquité pour son parfum sacré et a été l’un des trois présents offerts à l’enfant Jésus selon la tradition biblique (avec l’or et la myrrhe).

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1.2. Propriétés magiques en magie kabbalistique

Dans la mystique hébraïque et la magie kabbalistique occidentale, l’oliban est considéré comme une résine sacrée associée aux plus hautes sphères spirituelles. En hébreu, il est nommé lebonah et fait partie de la formule d’encens du Temple de Jérusalem dans la Bible, où il est qualifié de « très saint ». Les occultistes de tradition kabbalistique hermétique l’associent souvent à la Sphère du Soleil (Séphira Tiphereth) pour sa nature lumineuse et royale.

En effet, l’oliban est décrit comme encens solaire, porteur d’ondes spirituelles élevées. Son correspondant planétaire est le Soleil dans nombre de correspondances occultes, et son élément est le Feu purificateur. Brûler de l’oliban est vu comme un moyen d’élever l’âme vers le divin : on dit que sa fumée monte droit vers le ciel pour porter les prières. Ainsi, kabbalistes et magiciens l’utilisent pour consacrer l’espace rituel et invoquer les énergies divines (notons qu’une école kabbalistique, celle du Ari Luria, associe même l’oliban à la séphira occulte Da’at, le « point de connaissance » mystique, ce qui souligne son rôle de pont entre le monde matériel et le spirituel).

1.3. Dans la magie européenne médiévale et renaissance

En Europe, l’encens oliban a toujours été prisé dans les rituels religieux et magiques. L’Église catholique l’emploie en encensoir pour bénir et purifier les lieux et chasser les influences maléfiques – un usage hérité des rites antiques. Les grimoires médiévaux et de la Renaissance lui attribuent des vertus de purification et de consécration. La tradition astrologique renforce l’association de l’oliban au Soleil : d’après les correspondances planétaires rapportées par Cornelius Agrippa, l’encens du Soleil est le franc encens (oliban). Brûler de l’oliban un dimanche (jour solaire) lors d’une conjuration attire les forces solaires bénéfiques (illumination, succès) et plait aux entités bienveillantes. À l’inverse, son arôme puissant servait aussi à éloigner les mauvais esprits : de nombreux exorcismes médiévaux recommandent la fumigation d’encens bénit. Dans la Clavicule de Salomon et d’autres grimoires, on trouve l’oliban dans les recettes d’« encens pontifical » ou d’encens planétaires – mélangé à de la myrrhe, du benjoin ou du storax – pour créer des suffumigations spécifiques à chaque opération. Ainsi, dans la magie salomonienne, l’oliban est un ingrédient standard de « l’encens d’art » utilisé quasi universellement pour sanctifier les cercles et instruments magiques.

1.4. Propriétés en Wicca et magie néo-païenne

En Wicca, l’oliban est considéré comme l’encens universel par excellence. Il correspond à l’élément Feu et au Soleil, et on lui prête le pouvoir d’élever les vibrations spirituelles, purifier l’atmosphère et consacrer les objets ou lieux rituels. Ses propriétés magiques listées dans les ouvrages wiccans incluent la protection, l’exorcisme (chasse des énergies négatives), la purification et la spiritualité accrue. On dit que sa fumée dégage des vibrations puissantes qui élèvent l’âme et chassent tout mal. Les praticiens l’allument pour consacrer le cercle magique, pour nettoyer une maison des influences néfastes, ou encore pour faciliter la méditation et induire des visions mystiques. L’oliban entre dans de nombreux mélanges d’encens wiccans, et Scott Cunningham note qu’on peut le remplacer par du copal ou de la résine de pin en cas de besoin (preuve que son rôle purificateur est jugé comparable à d’autres résines odorantes). En somme, pour les sorcières et mages néo-païens, c’est un encens polyvalent de haute vibration, symbolisant la lumière divine.

1.5. Usage en Hoodoo (conjure afro-américain)

Dans le Hoodoo – tradition magique afro-américaine teintée de christianisme – l’oliban tient une place de choix en tant qu’encens biblique sacré. Son emploi remonte à l’influence conjointe des pratiques chrétiennes (église baptiste, catholicisme) et des « livres de secrets » européens introduits dans la culture afro-américaine. On le brûle en même temps que la récitation de psaumes, pour sanctifier le foyer ou l’autel et porter les prières vers Dieu. L’encens d’oliban (combiné à la myrrhe) est vu comme une offrande à Dieu et aux saints – notamment, lors des veillées de prière ou pour accompagner les bougies de neuvaine. Catherine Yronwode indique que l'oliban est utilisé sur des braises “lors de cultes spirituels, comme recommandé dans la Bible”. Dans le culte du Hoodoo, on retrouve aussi l’idée que l’oliban attire la fortune et les bénédictions : porter quelques grains d’encens sur soi ou en laisser brûler apporte la chance et la réussite dans les affaires. De plus, mélangé à d’autres ingrédients, il sert à confectionner des encens de condition (encens de réussite ou d’attraction d’argent) tant son pouvoir d’amplification positive est reconnu.

1.6. En Santería et traditions afro-caribéennes

Dans la Santería (région caribéenne, dérivée de la religion Yoruba mêlée de catholicisme) et dans certaines pratiques du vaudou, l’encens oliban n’était pas traditionnellement utilisé par les Africains de l’Ouest (les rites Yoruba originels privilégient les offrandes de nourriture, d’herbes ou de bois odorants locaux). Cependant, avec le syncrétisme catholique, l’oliban est devenu une offrande aromatique adoptée dans de nombreux rites afro-caribéens. Par exemple, dans la Santería cubaine, on associe l’oliban à Obatalá (dieu créateur du panthéon Yoruba, assimilé au Christ ou à la Vierge) en raison de son caractère solaire et pure. Brûler de l’encens blanc sur l’autel d’Obatalá est perçu comme une marque de respect et un moyen de purifier l’espace pour cette divinité de la pureté.

De même, lors des messes vaudou (mélange de liturgie catholique et de culte des loa), on fait parfois brûler l’encensoir d’église rempli d’oliban pour sanctifier l’assemblée et honorer les esprits comme on le ferait pour les saints chrétiens. Dans le vaudou haïtien, certains houngans utilisent de l’oliban (appelé là-bas « tieno » ou simplement encens) pour les rites liés aux mystères Rada (plutôt bienveillants), ou pour les cérémonies funéraires afin d’apaiser les esprits des morts. En Afrique même, l’oliban est connu dans la Corne de l’Afrique (Éthiopie, Somalie) pour des usages médicinaux et rituels locaux, mais en Afrique de l’Ouest il était inconnu avant l’époque coloniale. Aujourd’hui toutefois, via l’Église ou les boutiques ésotériques, on le trouve sur les autels vaudou ou candomblé comme encens de purification universel. Il n’y a guère de contradictions d’une tradition à l’autre concernant l’oliban : pratiquement toutes y voient un agent de purification sacrée, une « odeur de sainteté » qui plaît aux divinités et dissipe le mal. En ce sens, on peut parler – comme le fait un auteur contemporain – de résine « universelle » reliant toutes les religions.

2. La résine de Benjoin (Benzoin)

2.1. Origine botanique

Le benjoin (gomme benjoin) est la résine aromatique issue de plusieurs arbres du genre Styrax. Deux espèces asiatiques sont principalement exploitées : Styrax tonkinensis (benjoin de Siam, originaire d’Indochine – Laos, Vietnam) et Styrax benzoin (benjoin de Sumatra, Indonésie). Ces arbres de la famille des Styracacées produisent une oléorésine balsamique qu’on obtient en incisant l’écorce. Historiquement, une autre espèce méditerranéenne, Styrax officinalis (appelée aliboufier), fournissait un baume nommé storax solide. De fait, le benjoin a souvent été confondu avec le storax : autrefois, le terme storax désignait le benjoin importé d’Orient. Par exemple, le « storax noir » du commerce est en réalité du benjoin de Sumatra oxydé, à l’aspect sombre. Le nom benjoin vient de l’arabe lubān jāwī (« encens de Java »), rappelant son origine indonésienne. Cette résine à l’odeur douce de vanille est utilisée autant en parfumerie qu’en encens.

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2.2. Correspondances en magie kabbalistique et occulte occidentale

Le benjoin n’apparaît pas dans la Bible ni dans la kabbale juive traditionnelle (il était inconnu au Proche-Orient), mais les ésotéristes occidentaux l’ont intégré à leurs correspondances planétaires dès la fin du Moyen Âge. Fait notable, les sources divergent quant à son attribution : Agrippa (16ème siècle) classe le storax/benjoin sous l’égide de Jupiter (sans doute en raison de son parfum exaltant et de sa capacité à « amplifier » les autres ingrédients, qualités jugées joviales).

En revanche, la tradition hermétiste plus tardive (Golden Dawn, etc.) tend à l’associer à Mercure : dans les recettes d’encens planétaires modernes, le storax figure parmi les encens typiques de Mercure. Cette association mercurienne s’appuie sur son arôme vif et la rapidité avec laquelle sa fumée agit sur l’esprit (Mercure étant la planète de l’air et de l’intellect). Dans d’autres tableaux encore, on le relie au Soleil – le courant wiccan le considérant comme masculin solaire. En kabbale hermétique, on retrouve le benjoin en correspondance avec la séphira Hod (Mercure) ou Tiphereth (Soleil) selon les auteurs. Quoi qu’il en soit, tous s’accordent sur son pouvoir de purification et de « porte-parole » : il sert à porter les intentions vers le haut et à renforcer l’effet des prières ou sortilèges. Ainsi, Eliphas Lévi et d’autres occultistes du 19ème siècle voyaient dans le benjoin un encens d’Air, capable d’élever les vibrations mentales et spirituelles lors des invocations angéliques ou des travaux de connaissance.

2.3. Dans la magie européenne (Moyen Âge – Renaissance)

Le benjoin n’est entré en Europe qu’à la fin du Moyen Âge via les routes commerciales avec l’Asie du Sud-Est. Les alchimistes et mages de la Renaissance l’ont rapidement adopté pour ses propriétés fumigatoires plaisantes. On le retrouve dans plusieurs recettes de suffumigation de cette époque : l’« encens de la Lune » du Heptaméron de Pierre d’Abano (13ème siècle) utilise le camphre et la myrrhe, mais des versions postérieures remplacent parfois ces ingrédients par du benjoin, signe qu’il gagnait en popularité.

Les manuscrits magiques tardifs (17ème - 18ème siècle) mentionnent le benjoin/storax dans les mélanges destinés à évoquer des esprits ou consacrer des talismans. Sa fumée douce crée une atmosphère propice à la détente psychique et à la vision. Un texte moderne résume que le storax (benjoin) était « requis dans de nombreuses recettes médiévales et antiques », notamment pour calmer, relaxer et favoriser le sommeil, mais aussi qu’on le brûlait pour se protéger des influences négatives. Cette dualité est intéressante : d’un côté, le benjoin apaise (on l’utilisait même comme sédatif léger ou pour les insomnies), de l’autre il sert de bouclier aromatique contre la malfaisance. Les anciens l’appréciaient également en magie amoureuse : son parfum vanillé est sensuel, « inspirant l’amour » – on le voit entrer dans les recettes de philtres ou d’onguents destinés à susciter l’affection.

2.4. Propriétés magiques en Wicca

La Wicca et la magie contemporaine considèrent le benjoin comme un ingrédient de base en encenserie, notamment pour ses vertus purificatrices et amplificatrices. Brûlé seul, le benjoin dégage une odeur balsamique qui bénit et clarifie l’espace, chassant les énergies négatives et attirant des vibrations positives. C’est aussi un encens de prospérité et d’abondance : il figure dans de nombreux rituels pour augmenter la richesse ou le succès. De plus, on reconnaît au benjoin le pouvoir d’amplifier la puissance des autres herbes avec lesquelles on le combine. Les sorciers l’utilisent ainsi comme un « booster » dans les mélanges : une pincée de benjoin dans un encens de rituel en accroît la force et la portée magique. Cunningham indique également que le benjoin (qu’il classe comme résine solaire d’Air) est excellent pour créer un climat psychique propice à la méditation et à la concentration.

Il est associé au chakra du plexus solaire (centre du pouvoir personnel) et à des divinités solaires comme Rê ou Apollon, ce qui souligne son caractère rayonnant et bienfaisant. En pratique, les Wiccans s’en servent pour purifier les objets rituels (par fumigation ou en ingrédient d’huile de consécration), pour consacrer les cercles, pour attirer la chance et même dans les sorts d’amour (sa douceur favorisant les énergies affectueuses). Le benjoin est souvent recommandé comme substitut dans les recettes d’encens quand on n’a pas telle ou telle autre résine, preuve de sa polyvalence. Sa correspondance élémentaire (Air) en fait un encens lié à l’est et à l’aube, employé pour dissiper la négativité comme un vent frais et porter les incantations vers le ciel.

2.5. Usages en Hoodoo

Dans le Hoodoo afro-américain, le benjoin est prisé pour attirer la chance et la paix du foyer. Un adage de ce folklore affirme que faire brûler du benjoin sur un charbon ardent apporte chance et tranquillité d’esprit. En effet, la « paix mentale » conférée par son parfum apaisant est utile après des disputes ou pour calmer une maison troublée. Le benjoin est ainsi un ingrédient fréquent des mélanges d’encens de condition comme Peaceful Home (foyer paisible) ou Money Drawing (attire-argent) : il purifie l’atmosphère tout en y injectant une vibration de prospérité. Dans les recettes hoodoo traditionnelles, on le mélange à l’oliban et à d’autres résines : l’« encens d’église » combine oliban, myrrhe et benjoin pour recréer l’encens liturgique appelé Pontifical (utilisé pour bénir).

Cependant, le benjoin n’est pas toujours distingué du storax dans ces pratiques – les deux termes se confondent parfois. On note aussi que la poudre de benjoin entrait comme fixatif dans de nombreuses préparations de poudres à tracer et d’huiles hoodoo, preuve de son rôle de support magique. Globalement, les praticiens de conjure voient le benjoin comme une résine « porte-bonheur » : elle apporte une bénédiction douce dans la maison (calme, entente) et « donne de la force » aux travaux occultes (comme un adjuvant énergétique). C’est donc un encens de fond, qu’on utilise en continu pour garder une atmosphère spirituellement saine et favorable.

2.6. Dans la Santería et les traditions africaines

Le benjoin n’est pas d’usage traditionnel dans la religion Ifá des Yoruba ni dans le culte vodou originel – ces cultures n’avaient pas accès à cette résine asiatique. De plus, leurs rituels se focalisent moins sur les fumigations résineuses que sur les plantes locales (feuilles, bois,...). De nos jours, dans les cercles de Santería ou de Palo Monte à Cuba, on trouve éventuellement du benjoin dans les boutiques ésotériques, mais son emploi reste secondaire comparé à l’oliban ou à la myrrhe. S’il est utilisé, c’est généralement sous l’influence de la magie cérémonielle ou wiccane, pour les mêmes fins de purification et de chance. Un santero cubain pourra ajouter du benjoin dans un encens offert à la Vierge de la Charité (syncrétisme d’Oshún) pour renforcer l’amour et la prospérité de la maison, mais ce n’est pas une coutume afro-cubaine attestée de longue date.

De même, au Bénin ou au Nigeria, le benjoin est quasi inconnu en dehors des milieux ésotériques modernisés. On peut considérer que les traditions africaines n’accordent pas de symbolique propre au benjoin, sinon celle importée du monde occidental : un encens exotique apprécié pour son parfum agréable et son pouvoir nettoyant. Aucune contradiction majeure ne se dégage ici, sinon l’absence de ce composant dans les systèmes africains classiques. Là où il est adopté (Amérique, Europe), on retrouve un consensus sur ses propriétés : purification, amplification, attraction de la chance. Seule nuance, la tradition hoodoo insiste un peu plus sur son aspect porte-bonheur quotidien, là où la tradition ésotérique européenne en fait un ingrédient plus « cosmétique » (parfum spirituel) et la Wicca un encens solaire de richesse. Ces différences sont toutefois de degré plus que de nature.

3. La résine de Copal

3.1. Origine botanique

Le copal n’est pas une espèce botanique unique mais un terme générique désignant diverses résines recueillies sur des arbres tropicaux, particulièrement en Amérique. Le mot vient du nahuatl copalli signifiant « encens ». Le copal utilisé en encens provient surtout de la famille des Burséracées (la même que l’oliban et la myrrhe) : le Bursera bipinnata (copal blanc du Mexique) et le Bursera copallifera sont des arbres natifs du Mexique qui produisent un copal très odorant. On distingue différentes sortes : copal oro (doré), copal blanco (blanc), copal negro (noir), selon l’espèce et la qualité. D’une manière générale, ces arbres poussent en Mésoamérique (Mexique, Guatemala, Honduras) ainsi qu’en Amazonie (d’autres résines similaires existent en Amérique du Sud sous le nom de copal du Brésil,...). Le copal peut aussi désigner des résines semi-fossiles d’Afrique de l’Est (copal d’Oman ou de Zanzibar, provenant de Hymenaea), mais dans le contexte ésotérique, on fait le plus souvent référence au copal d’Amérique centrale. Ce copal amérindien est récolté par incision du tronc ; la résine s’écoulant est plus molle que l’oliban, collante, et durcit en masse jaunâtre translucide. Les civilisations précolombiennes (Mayas, Aztèques) en ont fait un encens cérémoniel fondamental, au même titre que l’oliban l’était en Orient.

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3.2. Place en magie kabbalistique et occidentale

Étant un encens du Nouveau Monde, le copal est absent des sources kabbalistiques ou grimoires occidentaux classiques. Néanmoins, la magie cérémonielle moderne l’a intégré par analogie avec l’oliban. Certains occultistes considèrent en effet le copal comme un équivalent de l’encens frankincense : il appartient à la même famille botanique et dégage une fumée également purifiante et sacrée. Dans les correspondances de la Golden Dawn ou de la Wicca, on admet volontiers qu’on peut substituer l’oliban par du copal. Ainsi, Scott Cunningham note que le copal peut remplacer l’encens oliban dans les recettes, ce qui montre qu’on lui prête des vertus comparables. Signe de cette assimilation, le copal est parfois associé lui aussi à l’élément Feu et au Soleil en Occident.

Cependant, il ne figure pas explicitement dans les textes kabbalistiques ou astrologiques anciens. On peut dire que dans la kabbale hermétique contemporaine, le copal hérite simplement des attributs solaires/purificateurs de l’oliban, sans symbolique spécifique supplémentaire. Il est utilisé pour les mêmes fins : consécration, élevation spirituelle, prière. Un kabbaliste moderne peut brûler du copal lors d’un rite planétaire du Soleil ou pour invoquer un archange solaire en l’absence d’oliban, et considèrera que l’effet vibratoire est équivalent (certains estimant même que le copal d’Amérique, étant « neuf » dans la tradition occidentale, apporte une énergie fraîche et puissante).

3.3. Dans la magie européenne historique

Les magies médiévale et Renaissance européennes ne connaissaient pas le copal, qui ne fut importé qu’après la découverte des Amériques. On ne le voit donc pas dans les grimoires classiques. Ce n’est qu’au 19ème siècle, avec l’engouement pour les traditions exotiques, que le copal a pu être mentionné par quelques occultistes français ou anglais intrigués par les encens précolombiens. Éliphas Lévi évoque la « gomme copal » parmi les encens aux propriétés purifiantes dans ses correspondances, mais cela reste marginal par rapport à l’usage d’oliban ou de benjoin. En Europe, le copal a surtout servi en vernis et laques (car en chauffant il forme un vernis) plus qu’en encens liturgique. Néanmoins, on rapporte que dès le 16ème siècle, les missionnaires franciscains en Nouvelle-Espagne ont envoyé du copal à Rome, où l’on s’en servit ponctuellement lors de messes pour tester ce nouvel encens « indien ». Faute de sources ésotériques anciennes sur le copal en Europe, on peut conclure que son usage magique historique y est nul. Toute incorporation du copal dans les rituels européens est donc un phénomène moderne, dû à l’échange culturel.

3.4. Propriétés magiques en Wicca et paganisme moderne

Le copal a été pleinement adopté par les praticiens néo-païens modernes qui le considèrent comme un encens hautement purificateur et spirituel. En Wicca, on le surnomme parfois « encens des Mayas » et on l’emploie pour nettoyer les énergies négatives et consacrer l’espace sacré, un peu comme la sauge blanche ou l’oliban. Quand il brûle, le copal libère une fumée au parfum à la fois doux, résineux et citronné, qui est perçue comme apaisante, vivifiante et propice à la connexion avec le divin.

Les sorciers modernes notent que le copal crée une forte sensation de transe tranquille : idéal pour accompagner la méditation, le yoga, ou tout rituel demandant une conscience claire. Ses vertus magiques largement reconnues incluent : la purification (il « nettoie » lieux, objets et auras en chassant les entités ou énergies néfastes), l’élévation de conscience (il aide à se connecter aux guides spirituels, aux ancêtres et aux plans supérieurs), l’amélioration de la concentration (son odeur ancre dans le moment présent et calme le mental), ainsi que la guérison énergétique (on lui attribue des effets bénéfiques sur le plan émotionnel, aidant à restaurer l’équilibre intérieur). Dans les cercles Wicca, il est courant de brûler du copal lors des sabbats d’automne (notamment à Samhain, la fête des morts) pour honorer les ancêtres amérindiens ou tout simplement pour ouvrir un espace sacré protégé avant les rituels. De plus, en raison de son lien culturel fort avec les civilisations préchrétiennes d’Amérique, le copal est parfois utilisé pour invoquer les énergies de la terre, de la nature vierge ou des divinités indigènes. Un rituel néo-chamanique pour la guérison pourra faire brûler du copal en offrande aux quatre directions et aux esprits de la forêt tropicale. En somme, la Wicca et le néo-paganisme valorisent le copal en tant que résine sacrée « nouvelle », purifiante comme l’oliban mais avec une « signature » énergétique propre liée à la terre mésoaméricaine.

3.5. Emplois en Hoodoo et dans le folklore latino-américain

Dans le Hoodoo afro-américain classique, le copal ne figure pas parmi les encens traditionnels (encore une fois, il est arrivé tardivement). Cependant, au 20ème siècle, l’influence de la botanica latino-caribéenne aux États-Unis a introduit le copal dans les catalogues ésotériques. Désormais, certaines boutiques de conjure proposent du copal auprès de la clientèle mexico-américaine ou métisse, et les praticiens de Hoodoo peuvent l’utiliser en connaissance de cause. Les folkloristes le décrivent comme « l’encens sacré des Indiens mayas d’Amérique centrale ». De ce fait, le copal est vu comme un encens puissant pour offrir aux esprits indigènes et nettoyer les maléfices. Un praticien de Hoodoo pourrait par exemple brûler du copal pour purifier une maison hantée, en invoquant les esprits amérindiens protecteurs du lieu. On le retrouve aussi dans certains mélanges spirituels modernes : par exemple, une formule de purification très prisée combine camphre, résine de pin et copal pour chasser le mal. Dans la tradition mexicaine (curanderismo), le copal est omniprésent : on en brûle lors du Día de los Muertos (fête des morts) sur les autels familiaux afin de guider les âmes des défunts par son parfum. Ce savoir s’est transmis aux communautés chicano/tex-mex, qui l’ont intégré dans leurs pratiques magiques : ainsi, un sorcier de la frontière pourra recommander du copal pour nettoyer une personne du « mauvais œil » ou pour attirer l’abondance (en l’associant à une prière à la Vierge de Guadalupe par exemple).

3.6. Dans la Santería et les traditions afro-caribéennes

Les systèmes religieux afro-caribéens d’origine yoruba (Santería à Cuba, Candomblé au Brésil) ou fon (Vaudou en Haïti) n’avaient pas de copal dans leur répertoire rituel traditionnel. En effet, le copal est propre aux cultures d’Amérique centrale et ne pousse pas dans les Caraïbes. Cependant, il existe des zones de syncrétisme entre cultes afro et cultes indigènes, notamment dans des pays comme le Mexique, le Guatemala ou même le Venezuela. Dans ces contextes, le copal a pu être intégré aux rituels de certaines communautés garifuna ou afro-mayas. Par exemple, au Mexique, on trouve des brujos (sorciers) mêlant magie afro-cubaine et chamanisme maya : ils utilisent le « copal pom » (copal maya) en offrande non pas aux orishas africains, mais aux esprits de la nature et aux ancêtres locaux, avant de procéder aux invocations de divinités africaines. Cela reste toutefois assez localisé. En Santería cubaine ou en Vaudou haïtien pur, le copal demeure quasi inexistant rituellement – on lui préfère la tradition catholique (encens d’église à base d’oliban) pour les rares usages d’encens. Néanmoins, avec la diffusion des produits ésotériques, on voit parfois apparaître du copal sur les autels vaudou modernes en tant qu’encens « exotique » pour expérimenter de nouvelles vibrations.

Un prêtre vaudou pourrait, par curiosité, brûler du copal pour honorer un loa lié à la terre ou à la forêt (par analogie avec les dieux mayas de la nature), mais cela relèverait d’une innovation personnelle. Ainsi, dans les traditions africaines et afro-caribéennes, on ne note pas de symbolique codifiée du copal : s’il est utilisé, c’est par emprunt aux pratiques indigènes mésoaméricaines, avec lesquelles il garde son sens originel (purification, offrande aux dieux de la terre et aux ancêtres). On ne constate pas de contradictions flagrantes entre traditions sur le copal : partout où il est employé, c’est pour purifier, consacrer et connecter le monde humain au monde divin. La seule différence, c’est l’importance centrale qu’il a chez les Mayas/Aztèques (encens par excellence du sang et des dieux), alors qu’il reste secondaire ou optionnel dans les systèmes importés (occidentaux ou afro). En Occident, on le voit comme un substitut de l’oliban ; en Amérique indigène, c’est un pilier du culte. Ce contraste culturel est notable mais ne constitue pas une contradiction d’interprétation – plutôt une variation d’usage due au contexte géographique.

4. La résine de Myrrhe

4.1. Origine botanique

La myrrhe est une gomme-résine aromatique obtenue du tronc de certains petits arbres épineux du genre Commiphora, en particulier Commiphora myrrha. L’« arbre à myrrhe » ou balsamier est originaire des régions arides de la Corne de l’Afrique et de la péninsule Arabique. On le trouve principalement en Somalie, Éthiopie, Djibouti, au Yémen et au sud de l’Arabie Saoudite. C’est un arbuste de 3 mètres environ, au tronc noueux couvert d’épines, dont on incise l’écorce pour récolter la résine qui s’écoule en « larmes » jaune-brun une fois séchées. La myrrhe était déjà réputée dans l’Antiquité : utilisée par les Égyptiens pour l’embaumement, citée dans la Bible (l’un des trois cadeaux des Mages) et dans de nombreux rituels. Son nom vient de l’hébreu môr (amertume), reflétant son goût très amer. Il existe différentes variétés de myrrhe ; la plus connue est la myrrhe dite amère (Commiphora myrrha), mais on distingue aussi la myrrhe douce dite opoponax. Ici, nous parlerons de la myrrhe amère classique.

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4.2. Propriétés en magie kabbalistique et symbolisme hermétique

La myrrhe a un symbolisme profond relié à la notion de sacrifice, de sagesse douloureuse et de féminité mystique. Dans la Kabbale, on associe la myrrhe à la Séphira Binah (la Compréhension, principe de la Mère divine). En effet, Binah est la sphère de la Grand-Mère (Imma) qui comprend la douleur du monde ; or la myrrhe, par son amertume et son usage funéraire, représente la souffrance sacrée. Un texte ésotérique affirme que « la myrrhe est sacrée pour la Grande Mère, qu’on l’appelle Marie, Isis ou Binah ». Ainsi, brûler de la myrrhe en kabbale, c’est invoquer l’énergie de la Mère des Douleurs, celle qui console les affligés et préside au mystère de la mort et de la renaissance spirituelle. La myrrhe est aussi présente dans la Bible comme composant de l’huile sainte d’onction (Exode 30:23) – on la mélangeait avec d’autres aromates pour consacrer les prêtres et les objets du Temple. Kabbalistiquement, on peut y voir un symbole de sévérité adoucie (Binah étant liée à la Sévérité Saturnienne): la myrrhe, amère, est tempérée par la douceur de la cannelle et de la casse dans l’huile d’onction, reflétant l’équilibre des attributs divins. Par ailleurs, certaines correspondances planétaires hermétiques assignent la myrrhe à Saturne, planète de la mort, du temps et des limites. Cela est cohérent avec son rôle d’embaumement des morts et son association à Binah-Saturne. D’autres auteurs la lient aussi à la Lune (son parfum blanc et son usage par les déesses lunaires) ou même à Mars (à cause de sa couleur sombre et de ses propriétés antiseptiques sur les plaies, utilisée par les soldats grecs). Cependant, la plupart des kabbalistes modernes la rangent sous la Lune (et l’eau) comme encens de la Déesse Noire, aspect sombre de la lune.

4.3. Dans la magie européenne (Antiquité, Moyen Âge, Renaissance)

La myrrhe occupe une place importante dans l’histoire magique et religieuse du pourtour méditerranéen. Les anciens Égyptiens la considéraient comme l’« huile des momies » : elle entrait dans le mélange d’embaumement pour purifier et protéger le corps des défunts. D’après Plutarque, les prêtres égyptiens brûlaient de la myrrhe à midi en hommage au soleil Rê (frankincense à l’aube, myrrhe à midi, kyphi le soir), ce qui en fait un encens solaire dans ce contexte. Les Grecs et Romains l’utilisaient en parfumerie sacrée et médicale (onguents pour soigner les plaies). Au Nouveau Testament, la myrrhe symbolise la souffrance rédemptrice : offerte à Jésus à sa naissance, puis mélangée au vin sur la croix (Marc 15:23) et enfin utilisée pour embaumer son corps au tombeau. Cette charge symbolique n’a pas échappé aux moines et magiciens médiévaux : la myrrhe est vue comme l’encens de la mort sacrée et de la dévotion. Dans les rituels chrétiens médiévaux, on la fait brûler lors des cérémonies de la Passion et des enterrements en mélange avec l’oliban. Les grimoires médiévaux la prescrivent fréquemment aux côtés de l’encens : par exemple, une recette d’encens pour consacrer une épée magique conseille de combiner « encens masculin (oliban) et encens féminin (myrrhe) » afin d’équilibrer les forces.

 La myrrhe était réputée pouvoir bannir les esprits impurs lorsqu’elle était jointe à l’oliban – un peu à la manière dont l’Église utilise l’encens pontifical. Cornelius Agrippa indique que la myrrhe, de nature froide et sèche, appartient aux influences saturniennes ; d’ailleurs, une recette antique citée par lui pour Saturne comprend de l’oliban et de la myrrhe broyés ensemble. Paradoxalement, d’autres textes la mettent en correspondance avec Vénus pour son rôle dans les onguents d’amour (car la myrrhe était aussi un aphrodisiaque dans certaines préparations orientales). En magie médiévale, on la retrouve dans des philtres amoureux inspirés du Cantique des cantiques (où la myrrhe est mentionnée dans un contexte érotique, symbole du féminin aimé). Par exemple, un remède d’amour médiéval conseillait de porter un sachet de myrrhe et de rose pour devenir irrésistible – croyance fondée sur l’arôme enivrant de la myrrhe.

À la Renaissance, Paracelse et les spagyristes attribuent à la myrrhe une affinité avec l’âme (Esprit) plus qu’avec le corps, du fait qu’elle préserve les corps morts mais qu’elle « volatilise l’esprit » par son parfum. Ils l’utilisent en encens lors des opérations de nécromancie ou de méditation sur la mort. On voit donc un tableau complexe : la myrrhe en Europe est tantôt solaire (encens du Dieu-Soleil à midi), tantôt saturnienne (par son lien à la mort et aux enterrements), tantôt vénusienne/lunaire (par son lien à la Déesse mère et aux parfums d’amour). Cette multiplicité a pu entraîner des interprétations contradictoires selon les auteurs. Néanmoins, tous s’accordent sur son caractère sacré, solennel et relié aux mystères. On la considérait comme un encens plus introverti et “souterrain” que l’oliban : si l’oliban élève directement la prière vers le Ciel, la myrrhe, elle, ouvre la porte de l’inconscient et du monde des ancêtres.

4.4. Vertus en Wicca et magie contemporaine

La Wicca et les traditions ésotériques modernes ont synthétisé ces attributions pour décrire la myrrhe comme une résine à énergie féminine, lunaire et saturnienne. Scott Cunningham la classe comme plante de la Lune (Lune noire) et secondairement de Saturne, en insistant sur son histoire fortement liée au féminin sacré. Ainsi, en Wicca, la myrrhe est utilisée pour honorer la Déesse sous ses aspects de Sagesse et de Mort (par ex. la Déesse sombre Hécate ou la Vierge Marie en deuil). On la brûle souvent en mélange avec l’oliban – cette combinaison classique oliban-myrrhe symbolise le Dieu et la Déesse, ou le Soleil et la Lune, en harmonie. La myrrhe seule est réputée avoir une vibration très introspective : on s’en sert pour des rituels de méditation profonde, de guérison intérieure et de travail de deuil. Sa fumée épaissie est propice à entrer en état modifié de conscience, c’est pourquoi de nombreux sorciers la font brûler pour communiquer avec les esprits des ancêtres ou les défunts (myrrhe = pont vers l’Au-delà). Un article wiccan note que la myrrhe “mène à une méditation riche et gratifiante, spécialement tournée vers l’introspection.

Elle sert à guérir les chagrins personnels et à se connecter aux morts et au monde souterrain”. On la retrouve dans les rituels de Samhain (fête des Morts) pour cette raison. Par ailleurs, la myrrhe possède aussi un aspect de protection et de purification complémentaire à l’oliban : sa nature antiseptique sur le plan physique est transposée sur le plan ésotérique en un pouvoir de chasser les influences négatives et sceller l’aura. De ce fait, les Wiccans l’emploient pour purifier les outils magiques, consacrer les cercles (surtout sous la Lune décroissante), et se prémunir contre les attaques psychiques. Moins fréquemment, la myrrhe est intégrée dans des mélanges de rêve ou d’astral : certains la font brûler avant de dormir pour induire des rêves prophétiques ou des voyages astraux, en particulier en combinaison avec la camomille ou la menthe (ceci relié à son effet calmant du mental).

Émotionnellement, la myrrhe est réputée « ouvrir l’âme pour laisser aller la douleur » – on conseille parfois de la brûler après une rupture ou un deuil afin d’aider à évacuer le chagrin et retrouver la paix. Notons que la Wicca valorise aussi la myrrhe pour des travaux plus lumineux : mélange oliban-myrrhe-cannelle pour bénir un nouveau projet, par exemple, où la myrrhe représente la sagesse et la protection autour du projet. On voit donc qu’en magie moderne, la myrrhe reste une résine polyvalente mais orientée vers le spirituel profond, la guérison de l’âme et la protection psychique, plutôt que vers les demandes matérielles. Sa dualité Soleil/Lune est parfois mentionnée : certains la sentent très solaire (énergie de Rê, vitalité mystique) tandis que d’autres la perçoivent lunatique et sombre ; cette ambiguïté fait écho aux différentes énergies entremêlées en elle, comme le dit un auteur : « La myrrhe est un parfum complexe aux multiples énergies liées. Ce trésor antique refuse d’être catalogué d’une seule manière ». Ce constat illustre bien les interprétations variées dont elle fait l’objet – mais qui ne sont pas forcément contradictoires, juste pluri-facettes.

4.5. Usage en Hoodoo

Dans le Hoodoo afro-américain, la myrrhe est, tout comme l’oliban, un encens biblique sacré intégré aux pratiques par le biais de l’Église. Elle est presque toujours utilisée en combinaison avec l’oliban dans les encens spirituels. Un catalogue hoodoo indique ainsi : « Habituellement brûlée avec de l’oliban, pour la guérison, la purification, la romance et l’amour ». Cette phrase surprend car elle associe la myrrhe à la romance et l’amour – une facette moins connue mais qui provient probablement du Cantique des cantiques où la myrrhe symbolise l’amour sensuel (la bien-aimée dit : « Mon bien-aimé est pour moi un sachet de myrrhe, qui repose entre mes seins »). Ainsi, dans le folklore hoodoo, brûler oliban et myrrhe ensemble sert non seulement à purifier un lieu et à élever une prière, mais peut aussi être employé dans des rituels de réconciliation amoureuse ou de guérison des relations (d’où les mentions de « romance, love »). En pratique courante, les rootworkers préparent du “Three Kings Incense” (ou encens des Trois Rois) mélangeant parts égales d’oliban, de myrrhe et parfois de benjoin, qu’ils font brûler pour bénir une habitation ou un commerce – cela chasse les influences néfastes et attire la bénédiction divine sur l’endroit. Pour la purification personnelle, on peut “se laver” dans la fumée d’un encens de myrrhe et oliban en récitant un psaume, afin de se défaire d’un mauvais sort ou d’une tristesse. La myrrhe est aussi incluse dans les mojo bags (gris-gris) liés à la santé : un petit morceau de résine ajouté aux racines médicinales pour renforcer l’effet spirituel de guérison. Sur le plan de la communication avec les morts, les praticiens hoodoo, très chrétiens, ne pratiquent pas la nécromancie de façon « païenne », mais lors des messes des morts ou du Jour des Morts, ils peuvent brûler de l’encens d’église (donc contenant de la myrrhe) sur les tombes pour honorer les ancêtres – pratique héritée du catholicisme. La myrrhe possède également un usage médicinal dans la pharmacopée hoodoo : réduite en poudre, elle sert à préparer un onguent pour soigner les coupures ou infections (c’est un antiseptique) et on considère que l’appliquer avec prière accélère la guérison spirituelle de la personne. En résumé, en Hoodoo la myrrhe est perçue comme un encens sacramentel de haut pouvoir protecteur et curatif, souvent inséparable de l’oliban. Si la Wicca la voyait plutôt liée à la tristesse et au mystère, le Hoodoo, lui, insiste plus sur son rôle curatif et conciliateur (guérir les maux du corps et du cœur, rétablir l’harmonie). Il n’y a pas vraiment de contradiction, mais une différence d’accent : là où un occultiste européen voit la myrrhe comme austère et funéraire, un rootworker hoodoo y voit surtout un encens de prière qui apporte la paix (ce qui inclut la paix dans le couple, d’où l’amour). Ces différences proviennent du contexte culturel : les conjure doctors ont incorporé la myrrhe via la religion (comme symbole d’amour divin et de guérison de Jésus) plutôt que via la mythologie païenne de la Déesse pleureuse.

4.6. Dans la Santería et le Vaudou

La myrrhe, comme l’oliban, n’était pas utilisée par les Africains de l’Ouest dans leurs cultes d’origine. Cependant, les syncrétismes avec le catholicisme l’ont introduite dans le rituel afro-caribéen. En Santería cubaine, la myrrhe fait partie de la composition de l’« encens de l’Église » utilisé pour purifier le temple (la casita) avant la misa espiritual ou les cérémonies où l’on invoque les saints catholiques associés aux orishas. Certains la réservent en offrande à la Vierge Marie (syncrétisme d’Obatalá ou d’Oshún selon l’aspect), car la myrrhe est liée à la Vierge des Douleurs – image qui correspond à Yemayá dans son aspect mater dolorosa. Dans le Vaudou haïtien, la myrrhe n’est pas traditionnellement brûlée isolément, mais on trouve son parfum dans l’« encens du Vatican » parfois utilisé par les prêtres vaudou lorsqu’ils incorporent des éléments de messe catholique. Lors des rites pour les Guédé (esprits des morts) ou Baron Samedi, qui se déroulent souvent autour de la Toussaint, on peut brûler une résine parfumée (oliban et myrrhe) sur l’autel des morts pour honorer ces esprits dans une ambiance solennelle. Il est intéressant de noter que la myrrhe, amère et liée aux cimetières, correspond bien à des loas comme Maman Brigitte (la femme de Baron Samedi, protectrice des tombes) – bien qu’aucune source traditionnelle ne mentionne explicitement « brûler de la myrrhe pour Maman Brigitte », l’association symbolique est cohérente (Maman Brigitte est syncrétisée avec Sainte Brigitte, et on peut imaginer offrir l’encens de myrrhe à cette sainte). D’une manière générale, les traditions afro-caribéennes n’ont pas développé de correspondances propres pour la myrrhe : elles l’utilisent à la manière catholique, c’est-à-dire comme encens sacré de prière et de purification, et éventuellement comme symbole de deuil sacré. Il n’y a donc pas de contradiction interne forte – seulement une transmission de symbolisme. On constate que certaines divergences d’interprétation relevées plus haut (myrrhe solaire vs lunaire, etc.) sont propres aux écoles occidentales. Dans les traditions africaines ou créoles, ces subtilités n’existent pas vraiment : la myrrhe y demeure une substance sainte, amère comme la souffrance mais qui sanctifie et protège, sans qu’on ergote sur sa planète tutélaire. Cette résine fait ainsi le lien entre toutes ces cultures en incarnant partout l’idée du sacré mêlé à l’amertume de la vie.

5. La résine de Storax (Styrax)

5.1. Origine botanique

Le storax (aussi écrit styrax) désigne une résine balsamique foncée, issue à l’origine d’un arbuste méditerranéen nommé Styrax officinalis (famille des Styracacées). Cet arbuste, qu’on trouvait autrefois au Levant (Syrie, Palestine, Chypre), exsude par son écorce un baume solide appelé storax ou benjoin du Levant. Cependant, la plupart du storax utilisé de nos jours provient en réalité d’un autre arbre : le Liquidambar orientalis (famille des Altingiacées), aussi appelé Styrax liquide ou ambre doux de Turquie. Le Liquidambar orientalis est un arbre de Turquie (région d’Asie Mineure) que l’on incise pour recueillir une résine liquide noirâtre connue sous le nom de storax liquide. Une espèce proche, Liquidambar styraciflua, originaire d’Amérique (du Mexique aux États-Unis), produit un baume similaire. Commercialement, on distingue souvent le storax « véritable » de Turquie (Liquidambar) du benjoin (Styrax d’Asie), mais les deux ont été confondus par le passé. La résine de storax se présente en masse brun-noir visqueuse ou sous forme de concrétions noirâtres aromatiques. Son odeur est suave, balsamique, avec des notes de vanille et d’amande amère. À noter : on parle aussi de « styrax » pour désigner cette résine (styrax étant le nom latin), ce qui entretient la confusion avec le genre botanique Styrax. En résumé, le storax peut désigner soit le baume de Liquidambar (Asie Mineure, Amérique) soit le baume de Styrax officinal (Levant), ce dernier étant quasiment abandonné aujourd’hui.


5.2. Correspondances en kabbale hermétique et occultisme occidental

Le storax occupe une place intéressante dans les correspondances occultes, car il a été attribué à différentes planètes selon les auteurs. Agrippa le donne comme encens principal de Jupiter. En effet, dans son Occult Philosophy, il indique pour Jupiter : « Storax, safran… » comme fumigation appropriée, considérant sans doute son parfum riche et « royal ». À l’inverse, la tradition plus tardive (Golden Dawn, etc.) utilise le storax surtout pour Mercure. Une liste d’offrandes planétaires modernes cite le storax parmi les encens mercuriens recommandés aux côtés du mastic. Cette attribution mercurielle s’explique par l’association du storax à l’élément Air et à la stimulation mentale rapide (qualités mercurielles). Par ailleurs, certains occultistes lui donnent une nature lunaire ou saturnienne : la résine noire collante évoque la Lune noire ou Saturne. Une source ésotérique contemporaine affirme ainsi que le storax a pour associations planétaires Mercure, Saturne et la Lune simultanément. Cela reflète sans doute le fait que le storax calme l’esprit (Lune), protège contre la négativité (Saturne) tout en ayant un aspect aromatique volatile (Mercure). Dans la Kabbale hermétique, on retrouve le storax lié à Yesod (Lune) ou à Hod (Mercure) selon les sources. Eliphas Lévi mentionne le storax comme composant de certaines fumigations évocatoires (sans préciser la planète). La Golden Dawn l’emploie dans l’Encens d’Art dit « Abramelin » avec oliban et benjoin, ce qui le met plutôt du côté de Mercure (car Abramelin se réfère à Mercure/Hermès). Quoi qu’il en soit, le storax est considéré comme un encens d’énergie psychique : il a la propriété de favoriser les états de conscience modifiés et la projection astrale. Des auteurs modernes notent qu’on le brûle pour induire des rêves prophétiques ou des voyages de l’âme (qualité lunaire), tout en élevant la pensée logique (qualité mercurienne) et en chassant le mal (qualité saturnienne). Cette polyvalence le rend un peu « caméléon » dans les correspondances, ce qui peut sembler contradictoire d’une source à l’autre. Mais globalement, en kabbale/occultisme occidental, on retient du storax qu’il est liée à la sphère mentale et astrale, utilisé pour calmer, protéger et favoriser la magie intellectuelle et onirique.

5.3. Dans la magie européenne (Antiquité, Moyen Âge)

Le storax était déjà connu dans l’Antiquité gréco-romaine. Les Assyriens et Égyptiens l’utilisaient en parfumerie : chez les Égyptiens, il entrait dans la composition du Kyphi (encens sacré composé de multiples ingrédients). Les textes de Théophraste et Dioscoride mentionnent le storax (styrax) comme un baume précieux importé de Syrie. Au Moyen Âge, la pharmacologie arabe l’apprécie pour ses vertus médicinales (expectorant, calmant nerveux). Sur le plan magique, le storax apparaît dans de nombreuses recettes d’encens médiévaux. Par exemple, dans le Picatrix (grimmoire astrologique du 13ème siècle), le storax est inclus dans les encens de Vénus en tant qu’arôme doux attirant l’amour. Au contraire, le Liber Juratus (texte de magie angélique) l’emploie pour les conjurations de samedi (aspect plus sombre). En Europe, on l’associait traditionnellement à la relaxation et au sommeil : des herbiers médiévaux conseillent de brûler du storax le soir dans la chambre pour bien dormir. Par extension, il a servi à faciliter les rêves divinatoiresHildegarde de Bingen mentionne que l’odeur de storax « réjouit le cerveau ». Au niveau ésotérique, le storax a souvent été utilisé dans les rituels d’évocation d’esprits : on pensait que sa fumée agréable plairait aux entités et les inciterait à se manifester sans agressivité. La Goétie (Lemegeton) contient des encens où le storax est combiné au lignaloès, à l’oliban,... pour invoquer tel esprit aérien. De plus, dans la composition du fameux Encens Pontifical, mélange ecclésiastique pour l’église, on trouve du storax aux côtés de l’oliban, de la myrrhe et du benjoin. Cela signifie que l’Église elle-même utilisait du storax (du moins le storax officinalis, appelé storax en grain) pour parfumer ses encensoirs lors des grandes messes – on en a trace dès le XIIIe siècle en Europe. Par cette voie, le storax a acquis une aura sacrée et protectrice, étant mêlé à l’encens bénit. Les mages chrétiens médiévaux l’ont donc vu comme un composant bénéfique et protecteur. Par exemple, une recette du Grimorium Verum pour chasser un esprit malfaisant prescrit de brûler du storax et du salpêtre : le storax pour la douceur apaisante, le salpêtre pour l’aspect d’expulsion. Ce mélange de rôles (doux vs expulsion) illustre bien l’usage du storax comme calmant magique – calmant pour l’opérateur (il relaxe les peurs) et calmant pour les esprits (il les apaise ou les attire positivement). Au siècle des Lumières, le storax reste présent dans les recettes ésotériques, notamment alchimiques (Paracelse l’utilisait dans certaines distillations de quintessences) et théurgiques. En somme, dans la magie européenne pré-moderne, le storax est perçu avant tout comme un encens bienfaisant et prophylactique : il calme l’esprit, inspire l’amour sensuel (d’où qu’on l’employait dans certains charmes de séduction) et chasse les ondes négatives. Il est relativement consensuel, peu d’écrits le décrient. Sa seule complexité est dans les diverses planètes qu’on lui associe : Saturne (par sa couleur et son usage nocturne), Vénus (par son parfum doux érotique) ou Mercure (par son effet mental). Ce flou a persisté jusqu’à nos jours.

5.4. Propriétés magiques en Wicca et sorcellerie moderne

Les sorciers contemporains utilisent assez fréquemment le storax (souvent sous forme de poudre de benjoin de Sumatra appelée à tort storax). En Wicca, on le considère comme une résine liée à l’élément Terre et ayant des influences planétaires multiples (parfois listé comme encens de Mercure ou de la Lune). Ses vertus magiques principales sont généralement données comme : protection, purification des énergies négatives, apaisement émotionnel et favoriser les expériences psychiques. On dit que faire brûler du storax dans la maison chasse la négativité et équilibre les émotions, un peu comme on utiliserait du sang-de-dragon ou du benjoin. Il sert ainsi lors des rituels de banissement ou après une dispute pour rétablir l’harmonie vibratoire. En même temps, son parfum doux est jugé sensuel et propice à l’amour : la tradition sorcière le recommande dans les encens de passion ou de séduction. Par exemple, une encens wiccan pour attirer l’amour peut contenir du storax mélangé à de la rose et de la cannelle afin d’« inspirer des sentiments amoureux » par sa composante aromatique. De plus, de nombreux praticiens l’utilisent pour les rêves prophétiques et la projection astrale : on le brûle dans la chambre avant le sommeil, parfois en combinaison avec de l’armoise ou du camphre, pour induire des rêves clairs ou faciliter une sortie astrale en douceur. Cette pratique vient du fait que le storax relaxe le corps tout en gardant l’esprit alerte, conditions idéales pour l’état de transe. Certaines recettes d’onguent volant (pour le sabbat) contenaient traditionnellement du storax, probablement pour son effet sédatif léger et hallucinogène olfactif. En Wicca, on le retrouve aussi dans les mélanges liés à la Lune : comme substitut plus accessible du camphre ou du santal, le storax est inclus dans des encens de pleine lune pour accentuer les énergies psychiques. On l’emploie également en fumigation lors de travaux de divination (tarot, boule de cristal) afin d’ouvrir le troisième œil – un rôle qu’il partage avec la myrrhe ou le cèdre. Il est à noter que beaucoup de Wiccans actuels utilisent en réalité le benjoin de Sumatra (qu’ils appellent storax par confusion linguistique). Mais comme les propriétés ésotériques attribuées aux deux sont proches, cela ne crée pas de grande incohérence.

5.5. Emplois en Hoodoo

Dans le Hoodoo afro-américain, le terme « storax » est peu utilisé, on lui préfère « benjoin ». Historiquement, la résine de storax (liquide) n’était pas aisément disponible aux praticiens afro-américains, sauf sous forme de teinture dans la pharmacopée (la teinture de storax était vendue comme antiseptique). Par contre, le benjoin de Sumatra était vendu dans les herboristeries sous le nom de Gum Benjamin et a pris sa place. Ainsi, dans Hoodoo Herb and Root Magic, Catherine Yronwode ne fait pas d’entrée séparée pour le storax – elle l’inclut dans celle du benjoin, signalant que gum benzoin et storax sont interchangeables. On peut toutefois noter son usage implicite dans certains produits : l’huile ésotérique Black Arts Oil (pour les travaux de magie noire) inclut du storax dans certaines recettes traditionnelles, car on le considère comme un ingrédient lié aux esprits infernaux (sans doute via son aspect saturnien). Mais c’est un usage de niche. En Hoodoo « grand public », le storax/benjoin est présent dans l’encens Pontifical utilisé pour bénir la maison, et dans Van Van (formule de purification par excellence) – on ajoute parfois du storax liquide à l’huile Van Van pour fixer le parfum citronné et apporter un arôme chaleureux. Il sert aussi de support olfactif dans les encens de Cour de justice ou Paix domestique, car son odeur a une réputation psychologique calmante (on dit qu’elle encourage les gens à être plus conciliants, donc utile au tribunal ou dans le couple). Ces usages ne sont pas universels mais attestés dans les « recettes de famille ». Dans l’ensemble, le Hoodoo ne distingue pas vraiment storax de benjoin au niveau ésotérique : les deux sont vus comme des résines de bonne odeur apportant la paix, la chance et la protection. Il n’y a pas de correspondance planétaire élaborée dans ce folklore ; simplement, on reconnaît que la fumée de storax/benjoin est bénigne et favorable, d’où son intégration dans les mélanges bénis (comme l’encens Trois Rois ou les encens de sanctification). On peut donc dire qu’en Hoodoo, le storax partage les propriétés du benjoin (purification, chance, calme) et n’a pas d’interprétation contradictoire notable – simplement un manque de notoriété en son nom propre.

5.6. Dans la Santería et traditions africaines

Le storax en tant que tel est inexistant dans les traditions afro-caribéennes et africaines. Les Yoruba ou Fon n’avaient ni storax officinalis ni Liquidambar sous la main, et n’en avaient pas besoin dans leurs rituels originels. Ils ne l’ont pas non plus adopté via le syncrétisme catholique, car l’encens d’église utilisé en Santería contient surtout oliban et myrrhe (et parfois benjoin), mais pas de storax liquide qui est moins courant. De plus, le storax liquide de Turquie est une substance qui n’a été disponible qu’à l’époque moderne, et même aujourd’hui rares sont les santeros ou houngans à l’utiliser. Les pratiques afro-caribéennes traditionnelles emploient plutôt des plantes locales fumigées (comme le bois de santal en Candomblé, ou des herbes comme le romarin, l’anis étoilé brûlé, etc.) pour purifier, plutôt que des résines importées inédites. Il se peut qu’un curandero afro-mexicain intègre du storax (copal noir liquidambar) dans un rituel qui mélange Santería et chamanisme maya, mais ce serait un cas particulier. On peut donc considérer que les traditions Ifá/Yoruba et vaudou n’ont pas de correspondance traditionnelle pour le storax. Toute utilisation de storax dans ces cercles serait empruntée aux grimoires occidentaux ou aux pratiques ésotériques modernes. Par conséquent, il n’y a pas de divergence d’interprétation à relever dans ces traditions – simplement une absence d’interprétation. Là où le storax est méconnu, il ne suscite ni accord ni désaccord symbolique.

Ainsi, ces cultes et coutumes nous rappellent que la magie des encens est un langage symbolique universel dont chaque culture a écrit un dialecte, mais où le message essentiel – la quête de la connexion entre l’Homme et le Divin par la fumée parfumée – demeure finalement le même à travers le temps et l’espace.

Olivier d’Aeternum
Par Olivier d’Aeternum

Passionné des traditions ésotériques et de l'histoire de l'occulte des premières civilisations jusqu'au 18ème siècle, je partage quelques articles sur ces sujets. Je suis également co-créateur du magasin ésotérique en ligne Aeternum.

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