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1. Genèse manuscrite et cadre astrologique |
Le pantacle (et non pentacle, on en parle ici) planétaire est un disque gravé utilisé depuis le Moyen Âge dans la magie astrale. Pur outil de haute magie, sa fabrication repose sur un ensemble de règles strictes basées sur l'astrologie, la théurgie et la tradition talismanique. Explications.
Pour aller plus loin et travailler concrètement avec ces pantacles, nous avons créé un recueil complet et en haute définition de chaque sceau que vous pouvez retrouver ici.
1. Genèse manuscrite et cadre astrologique
Le mot pantacle planétaire fait son apparition dans le latin médiéval grâce à la traduction d’un vieux traité arabe appelé Picatrix. Ce texte, rédigé au 11ème siècle, est une compilation de plus de deux cents sources sur ce qu’on appelait la magie astrale – une forme de magie qui cherche à capter l’influence des astres. Chaque planète y est associée à un symbole, un nom divin (hébraïque ou arabe) et un esprit intermédiaire, le tout gravé dans un cercle protecteur destiné à concentrer et orienter cette influence céleste.
Au 16ème siècle, l’érudit allemand Heinrich Cornelius Agrippa reprend cette matière ancienne et la réorganise dans son ouvrage De occulta philosophia (Philosophie occulte). Dans le deuxième livre, il présente des tableaux qui relient chaque planète à un métal particulier, à une figure géométrique (le sceau), à un esprit céleste (ou intelligence angélique), ainsi qu’à un moment propice pour créer ou activer le talisman. L’idée est de réunir les mouvements du ciel (l’astrologie) avec l’art de créer des objets chargés d’intention (la magie talismanique).
Cette logique se retrouve également, avec un ton plus religieux et des éléments liturgiques, dans un autre texte majeur : la Clavicule de Salomon (Clavicula Salomonis en latin), un grimoire très influent dont les meilleurs exemplaires manuscrits datent du 15ème au 17ème siècle. Ces textes étaient copiés et illustrés dans des ateliers de moines ou de lettrés, appelés scriptoria, notamment en Italie à la fin de la Renaissance.
2. Structure graphique et correspondances matérielles
Un pantacle planétaire se présente sous la forme d’un disque, généralement structuré par des cercles concentriques et parfois des quadrillages. À l’intérieur, on trouve une composition complexe mêlant lettres hébraïques, noms d’anges, versets bibliques ou formules tirées de traditions religieuses, ainsi que des symboles propres aux planètes (appelés glyphes).
Premier pantacle de Jupiter
Selon La Clavicule de Solomon, chaque pantacle doit être réalisé sur un métal précis qui correspond à la planète : plomb pour Saturne, étain pour Jupiter, fer pour Mars, or pour le Soleil, cuivre pour Vénus, mercure ou un alliage volatil pour Mercure, argent pour la Lune. À défaut, on peut aussi les tracer à l’encre sur du parchemin vierge, en utilisant une couleur correspondant à l’astre.
Les penseurs influencés par Picatrix – comme Marsile Ficin ou Pietro d’Abano – expliquaient que le cercle du pantacle enferme l’influence de l’astre, tandis que les noms sacrés qu’on y inscrit agissent comme des relais spirituels entre le monde céleste et le monde terrestre.
3. Rituels d’activation et transmission européenne
Selon la tradition, pour que le pantacle devienne actif, il ne suffit pas de le fabriquer : il faut aussi l’activer. Cela passe par un rituel précis : le graver, le parfumer (on dit fumer, car on le passe dans la fumée d’un encens consacré), et le sceller (c’est-à-dire le consacrer et le refermer magiquement) au moment exact où la planète correspondante est dominante dans le ciel. On parle alors d’heure planétaire.
Une fois activé, le pantacle peut être porté autour du cou, accroché à une porte, suspendu au-dessus d’un autel ou dissimulé dans un endroit stratégique. Selon La Clavicule de Solomon, ce disque peut protéger son porteur contre les poisons, le feu, les noyades ou les sortilèges, attirer les grâces sociales ou encore servir de mandat magique pour commander les esprits.
On en trouve la trace dans des sources historiques : les archives judiciaires de Venise citent Picatrix dans l’affaire de l’arrestation de Casanova ; des médecins comme Paracelse mentionnent l’usage de ces talismans dans leurs traités. Ils ne relèvent donc pas seulement de la superstition ou du folklore : ils circulent aussi dans les milieux savants et les cours princières.
Au 19ème siècle, l’occultiste anglais Samuel Liddell MacGregor Mathers intègre ces pantacles dans le système rituel de la Golden Dawn, une société initiatique influente. À la même époque, à Paris, d'autres occultistes republient les textes d’Agrippa, relançant l’intérêt pour ces symboles anciens, bien loin des récupérations New Age et des pratiques dites de sorcellerie moderne.
