Comme vous le savez peut-être, derrière Aeternum se cache une petite entreprise basée en Bretagne (dans le sud du Finistère pour être précis). Et il est bien connu que ce territoire vit au rythme des légendes, mythes et pratiques magiques plus ou moins connus (Brocéliande, Merlin, la Fée Viviane, les Alignements et bien d'autres). Ainsi, pour mettre en lumière notre beau territoire, nous publierons régulièrement des légendes peu connues issues de l'histoire bretonne. Cette semaine, direction les Côtes-d'Armor.
Par une nuit calme, alors que les étoiles se reflétaient dans les eaux sombres du Douron, un vieil homme de Plestin se promenait sur la berge. Rien ne distinguait cette soirée d’une autre, si ce n’est la silhouette d’une jeune femme assise au bord de l’eau, le regard perdu dans le courant. Intrigué, il s’approcha et engagea la conversation.
Elle lui raconta qu’elle venait de Lanmeur, un village frappé de plein fouet par la peste, où la vie semblait s’être éteinte. Puis, d’une voix douce, elle lui demanda s’il accepterait de la porter sur ses épaules pour lui faire traverser la rivière. Sans hésitation, et par simple bonté, le vieil homme accepta.

Il la souleva et entra dans l’eau. Mais à mesure qu’il avançait, le poids de la jeune femme devenait de plus en plus lourd. Chaque pas lui semblait plus difficile, et le courant, jusqu’alors paisible, se mit à tourbillonner autour de lui. Bientôt, ses jambes fléchirent sous la charge. Haletant, il s’arrêta et murmura, à bout de forces :
— Je suis désolé, mais je ne peux aller plus loin… Je ne tiens pas à me noyer pour vous.
La jeune femme, déçue mais résignée, le regarda et répondit calmement :
— Dans ce cas, ramenez-moi d’où vous m’avez prise.
Le vieil homme rebroussa chemin, et, étrangement, plus il avançait vers la rive, plus la charge s’allégeait. Lorsqu’il atteignit enfin la berge, la jeune femme sauta doucement au sol, le remercia d’un sourire, puis disparut dans l’obscurité.
Ce n’est que plus tard que les anciens du pays comprirent la vérité. Cette femme n’était autre qu’une groach’, une de ces fées du folklore breton, parfois bienveillantes, parfois redoutables. On raconte que si le vieil homme avait poursuivi son chemin jusqu’à l’autre rive, le mal qu’elle portait aurait sombré avec elle, et le monde entier aurait été libéré de la peste à jamais. Mais en la ramenant d’où elle venait, il préserva Lannion du fléau… au prix de la survie de l’épidémie dans le reste du monde.
Alors, si un jour, au détour d’une rive, une inconnue vous demande de l’aider à traverser l’eau, réfléchissez bien. Votre choix pourrait peser bien plus lourd que vous ne l’imaginez.
Source : Port d'Attache