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1. Les Saturnales romaines avant l'Épiphanie |
Chaque début d’année, l’Épiphanie revient avec son lot de traditions bien connues : galette des rois, fève cachée, couronne dorée… Mais connaissez-vous vraiment l’histoire de cette fête du 6 janvier ? Aujourd'hui associée au Christianisme et l'apparition de Jésus, cette célébration est née bien avant dans les traditions païennes, et plus particulièrement chez les Romains. Explications.
1. Les Saturnales romaines avant l'Épiphanie
Avant d'aborder l'Épiphanie, et pour mieux comprendre le contexte, il est nécessaire de parler des fameuses Saturnales, une des fêtes les plus emblématiques de la Rome antique, en l'honneur de Saturne, le dieu de l'agriculture et du temps. Ces festivités se déroulaient entre le 17 et le 23 décembre, autour du solstice d’hiver, un moment clé marquant la fin du déclin de la lumière et le début de son retour progressif (l'équivalent du sabbat de Yule). À l’origine, et comme souvent, cette fête était cadencée dans les cycles agricoles, célébrant la fin des récoltes et rendant hommage à Saturne, pour protéger et assurer l’abondance et des moissons.
Source : Ancestralisme
Durant les Saturnales, la société romaine, habituellement très hiérarchisée, vivait une période particulière de suspension des normes sociales. Les esclaves étaient temporairement libérés de leurs obligations, ils pouvaient même prendre place à la table de leurs maîtres, dans une inversion symbolique des rôles. Cette parenthèse festive honorerait l’équité et rappelait que les hiérarchies terrestres n’étaient finalement pas immuables. Les rituels prenaient la forme de banquets opulents et alcoolisés, d'échanges de cadeaux, de jeux, mais aussi de sexe, avec une atmosphère de liberté et de joie collective qui unissait toutes les classes sociales. On retrouve d'ailleurs ce type de festivités chez les Grecs en l'honneur de Dionysos.
Un des moments phares des Saturnales était l'élection d’un "roi" ou plus précisément d'un "prince des Saturnales". Ce personnage était choisi au hasard, grâce à... une fève dissimulée dans un gâteau (ou plus rarement par un tirage au sort). D'ailleurs, avant d'être en céramique, la fève était en fait la légumineuse (qui gardera le même nom donc), pour entretenir la connexion avec la fertilité des récoltes à venir. C'est cette tradition qui donnera naissance plus tard à l'Épiphanie que nous connaissons aujourd'hui.
Privilège ultime, ce roi d'un jour, portant une couronne de houx ou de lierre, avait le droit d’imposer des décisions (tout en restant mesuré bien sûr) : se faire servir par ses maîtres, obliger les convives à boire dans un ordre précis, etc... Toutefois, son rôle restait toutefois ludique et temporaire, comme une rupture joyeuse avec les contraintes habituelles de la vie quotidienne.
Et vous vous demandez surement : mais pourquoi faire tout ça ? Ce renversement temporaire des hiérarchies sociales offrait à la société romaine une sorte de "soupape" permettant de relâcher les tensions inhérentes aux structures rigides de l’époque et d'éviter d'éventuelles rébellions, une sorte de catharsis sociale finalement très avant-gardiste.
Les Saturnales étaient également marquées par une profusion de décorations et de symboles lumineux. Les Romains ornaient leurs maisons de branches vertes, et des flambeaux illuminaient les rues, symbolisant le triomphe de la lumière sur les ténèbres de l’hiver. Il faut se rappeler que ces célébrations se passent en décembre, au cœur de la période sombre de l'année.
2. L'Épiphanie dans le Christianisme
La fête chrétienne de L'Épiphanie est célébrée le 6 janvier et commémore la manifestation de Jésus aux Rois mages venus l'adorer. Le terme "Épiphanie" provient du grec epiphaneia, signifiant "manifestation" ou "apparition". Dans ce contexte, il s'agit de la révélation de Dieu incarné en Jésus-Christ aux nations païennes, représentées par les mages.
Source : Villages & Patrimoine
Les Évangiles décrivent ces mages comme des sages venus d'Orient, guidés par une étoile, qui apportent à l'enfant Jésus des présents symboliques : l'or, l'encens et la myrrhe. Leur visite souligne l'universalité du message chrétien, indiquant que Jésus est venu pour tous les peuples, au-delà du seul cadre juif.
Au fil des siècles, l'Église a intégré et transformé certaines traditions païennes pour faciliter l'acceptation du christianisme par les populations locales. Les Saturnales romaines ont ainsi été réinterprétés dans le cadre de l'Épiphanie, mettant l'accent sur la lumière divine apportée par la naissance du Christ, et remplaçant les fèves par des santons ou icônes religieuses.
3. Le symbolisme de l'Épiphanie
3.1. La lumière comme symbole universel
La lumière est un archétype présent dans de nombreuses traditions spirituelles, symbolisant la vérité, la connaissance et l'illumination intérieure. Dans le contexte de l'Épiphanie, l'étoile qui guide les Rois mages vers l'enfant Jésus incarne cette lumière divine qui éclaire le chemin de l'âme en quête de vérité. Cette étoile peut être perçue comme une manifestation de la conscience supérieure, guidant l'individu vers une compréhension plus profonde de sa propre nature et de sa connexion au divin.
3.2. Le rôle des Rois mages
Les Rois mages, venus d'Orient, apportent trois présents à l'enfant Jésus :
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L'or : symbole de la royauté et de la lumière solaire, l'or représente la pureté de l'esprit et la quête de perfection. Dans une perspective ésotérique, il incarne la réalisation spirituelle et l'illumination atteinte par l'alchimie intérieure.
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L'encens : utilisé dans les rites sacrés, l'encens symbolise la prière et la connexion avec le divin. Il représente l'élévation de l'âme vers les sphères spirituelles, la purification et la dévotion.
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La myrrhe : associée aux rites funéraires, la myrrhe évoque la mortalité et la souffrance humaine. Elle symbolise également la transformation et la renaissance spirituelle, rappelant que la conscience de la finitude est essentielle à l'évolution intérieure.
Ces trois présents reflètent les aspects fondamentaux de l'existence humaine : la royauté de l'esprit (or), la spiritualité et la prière (encens), et la reconnaissance de la condition mortelle (myrrhe).
3.3. Le chiffre 3
Le chiffre 3 possède une signification spirituelle, associé à la triade divine et à l'équilibre des forces. Dans l'Épiphanie, la présence des trois mages souligne cette symbolique trinitaire. Le nombre 3 représente l'union du corps, de l'âme et de l'esprit, ainsi que l'équilibre entre les aspects physique, mental et spirituel de l'être.